Un arbre sous la tempête
Ciel sombre, lourd, noir, bas, méconnaissable. Au loin, la montagne invisible sous les nuages épais, le brouillard. Là-bas, la vallée désertée, silencieuse, en attente. La ville calme. Peu de piétons. Vitrines illuminées si tôt dans l'après-midi d'automne !
Soudain, tourbillons de feuilles cramoisies dans les rues, dans les caniveaux. Marrons sur les trottoirs pour la joie des enfants. Sortie d'école rapide, moins bruyante que d'habitude. Voilà les premières gouttes, fines, transparentes, froides. Les capuches sur les fronts butés. Course vers les voitures. les phares, la vitesse... Plus rien. Rien qu'un rideau de gouttes, dru, froid. Plus de ciel du tout. Plus de montagne. Rien que du ruissellement sur l'asphalte et dans les près alentours. Arbres tordus, comme moi, noirs, hideux, dépouillés. Ricochets des gouttes d'eau dans les flaques, sur le sol. Musique du vent dans nos branches. Sifflement, grondement, tambours. Bruit assourdissant. Rideau immuable de la pluie si violente ! Martèlement infini. Aveuglement.
Course des nuages et pluie fine, enfin ! Fumée sur la montagne de nouveau visible. Arbrisseaux par terre autour de moi dans le près à l'entrée de la petite ville. Clignotement des feux au carrefour, les vitrines, les trottoirs luisants. Personne dans les rues jonchées de feuilles. L'école fermée, trempée. Le ciel gris clair, puis bleu, pâle, timide. Les nuages si loin maintenant ! Mes pauvres feuilles à terre ! Mes branches nues. La ville à mes pieds dégoulinante et triste.
-oOo-
Cet après-midi
un violent orage a éclaté
et j'ai pensé à ce texte
écrit à l'atelier d'écriture cette année.
Avez-vous remarqué sa particularité ?
Il ne comporte aucun verbe !